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novembre 2014

1.0 Introduction

Les années 2007-2013 resteront, dans l’histoire de l’enseignement supérieur en France, une période d’accélération, manifestant un volontarisme inédit, au sommet de l’État, pour modifier le paysage universitaire. Le secteur avait connu, depuis les années soixante, deux lois majeures : la loi Faure du 12 novembre 1968 et la loi Savary du 26 janvier 1984. Or, en cinq ans, deux lois, avec un périmètre affectant l’ensemble du secteur, se succèdent, dans un paysage déjà modifié par la réforme LMD (2002) et le pacte pour la recherche (2006) : la loi LRU du 10 août 2007, dite loi Pécresse, et la loi du 22 juillet 2012, dite loi Fioraso, ou, mieux encore, loi LRU-Fioraso. Deux gouvernements successifs, l’un de droite (Fillon), l’autre de gauche (Ayrault), font de l’ESR l’un des enjeux majeurs de leur projet de transformation, en présentant, tôt dans la mandature, une loi d’envergure. Dans le cas du quinquennat de Sarkozy, elle sera même présentée comme l’une des seules réussites indubitables de l’ambition de réforme initialement affichée par le candidat. Il est trop tôt pour en dire autant du quinquennat en cours, mais on peut déjà dire que l’ESR semble devenu l’un des domaines où le pouvoir politique, au XXIe siècle, semble plus facilement que sur d’autres terrains pouvoir faire la preuve de sa capacité d’agir. Il se pourrait néanmoins, que là encore, ils n’aient fait qu’accélérer la soumission d’un secteur de la société, jusque-là relativement épargné, aux règles de marché imposées par l’Union européenne, en ignorant les exigences propres à ce domaine et les conditions d’un accomplissement serein des missions d’enseignement supérieur et de recherche par un service public d’État, au service de tous.

Cette période est significativement marquée en 2009 par un mouvement historique dans les universités françaises, puisqu’il est initié par une catégorie du personnel qui n’avait jamais été à l’origine d’une grève : les enseignants-chercheurs, qui virent dans la réforme du décret de 1984 réglant leur statut une remise en cause profonde du sens de leur travail dans le cadre leur mission de service public. Ce mouvement risque de ne pas avoir été entendu par le nouveau pouvoir, dont la Loi LRU-Fioraso approfondit au contraire la mutation initiée en 2007. Le combat pour donner un autre avenir à ce dernier, au service d’une autre société, exige que l’on prenne toute la mesure des transformations en cours.

Les mots clefs de cette période auront été « l’autonomie », « l’innovation » et la « régionalisation ». En décryptant chacun de ces termes, on s’aperçoit qu’ils risquent en réalité de n’être que l’écran d’une évolution plus cruelle : le pur et simple désengagement de l’État au profit d’une recomposition du système autour de grands pôles en nombre réduit et l’apparition de déserts du supérieur et de la recherche – des grandes zones en friche sans université digne de ce nom.

Comment défendre une autre vision de l’enseignement supérieur et de la recherche au service de tous ? Quelle doit être la place d’un service public d’enseignement supérieur et de recherche au sein de la société de demain ? Telles sont les questions principales auxquelles la FERC Sup CGT entend répondre.


Référence électronique

"1.0 Introduction", publié le 12 novembre 2014, URL : http://www.resistances.net/spip.php?article62, consulté en ligne le 15 mars 2024


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